Jours 13 et 14
14/03/2016 7h18
Lat: 49°19’S Lon: 6°37’W via 51°04’S 5°58’W
Cap au 336°, vitesse 12 nœuds
Température de l’air 4,5°C
Température de l’eau 4,4°C
Vitesse du vent 45 nœuds
Alternance de soleil et de nuage
Déjà lundi matin, la dernière entrée du journal date de vendredi matin, nous attendions la stabilisation du bateau pour pouvoir envoyer le carottier. Comment arriver à rattraper le retard légitime lié à un week-end bien mérité ?
–Vendredi –
Tout vient à point à qui peut attendre ! A 12h30, enfin, les opérations de carottage peuvent démarrer, quel soulagement !
Finie l’extrême tension dans les regards ! Une tension d’une autre nature, moins chargée d’anxiété s’installe !
Silence pendant les opérations
Et le soleil, fort absent, se met de la partie.
Le soleil brille
3h30 plus tard, le carottier est sur le pont, et les marins peuvent extraire le liner (long tube en PVC contenant les sédiments) du tube en acier du carottier.
Extraction du liner
Le quart 4-8 se lance dans la mesure, délimitation et numérotation des tronçons, puis dans le tronçonnage d’une belle carotte (ne le sont-elles pas toutes !) de 44,30 mètres – trente tronçons de 1,5 m.
Le quart 4-8
numérote
et découpe la carotte
Et le travail en quart démarre ! – Découpe des tronçons dans le sens de la longueur pour créer deux demi-tronçons (une demie-section « archive » de référence et une demie-section de travail pour les analyses) – Emballage, conditionnement des tronçons – Passage au banc GEOTEK/MST – Et stockage dans le container réfrigéré (« reefer ») qui emmènera toutes ces carottes vers le Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement, à Gif-sur-Yvette.
Découpe d'un tronçon de carotte Calypso
Emballage pour les tronçons de carotte Calypso
Entrée dans le container MST
Rangement dans le container réfrigéré / reefer
Et ce travail en quart se prolongera intensivement pendant plus de 12 heures, pour ensuite s’alléger progressivement durant le weekend.
–Samedi –
Samedi devient donc un jour de repos tout relatif, le bateau fait route vers l’ouest, donc contre le vent, le courant (voir la contribution de Masa plus loin) et la houle. Très lentement donc, arc-bouté contre tous ces éléments qui résistent face à notre avancée.
Un repos tout relatif peut consister essentiellement en une occasion de travailler à l’ordinateur, l’un répond à ses courriers en retard, l’autre corrige un article qui doit être soumis tout bientôt, d’autres planifient déjà le travail d’après campagne.
Cela peut, et doit, d’ailleurs consister en un moment de loisir. La calle avant, essentiellement vide, permet de jouer au foot, au badminton, dans un univers où la gravité ressentie prend des valeurs variées.
Out !!!! Aouch !!!!
Badminton
Samedi soir, arrivée à un nouveau site pressenti pour un carottage. Les conditions ne le permettent pas, cap au nord, si une fenêtre météo se manifeste peut-être sera-t-il possible de revenir rapidement ! Cela a marché une fois déjà !
– Dimanche –
Nouvel émerveillement, l’équipe de la cuisine, sous la houlette de l’intendant, chef, Claude Cornet, continue à réaliser des miracles.
Entrée
Plat
Nouveau cadeau de Masa, cette fois elle l’avait annoncé ! Nous sommes donc entre dimanche et lundi…
Notre voyage vers l'ouest se poursuit. Quelques perspicaces ou impatients auront remarqué que nous ne progressons pas très vite depuis notre dernière station. C'est que nous nous trouvons face aux vents d'ouest, mais aussi dans un courant très fort : le courant circumpolaire antarctique. (Circumpolaire = qui fait le tour du pôle.) C'est en fait le seul courant qui fait le tour de la planète, de l'Océan Atlantique à l'Indien et au Pacifique, avant de retourner dans l'Atlantique par le passage de Drake entre l'Amérique du Sud et la péninsule Antarctique.
Ce courant est un des plus forts au monde, en terme de masse d'eau transportée : environ 130 Sv (Sverdrups), soit 130 millions de m3 par seconde ! Sa vitesse moyenne est de 2 nœuds, soit la vitesse d'un marcheur en forme.
Ce courant a été découvert par l'astronome Edmund Halley pendant une expédition en 1699-1700, puis il a été décrit par les navigateurs James Cook et James Clark Ross dans leurs journaux de navigation (XVIII et XIXe siècles).
Le circumpolaire, courant océanique de l'hémisphère Sud
http://www.TeAra.govt.nz/en/map/5915/circumpolar-currentsLe courant circumpolaire est associé aux vents d'ouest des moyennes latitudes australes.
Comme eux, il fait le tour de la planète, comme eux, il est perturbé par des tourbillons. Mais dans l'océan, les tourbillons sont beaucoup plus petits, à cause des différences entre les propriétés de l'air et de l'eau.
Sur la figure ci-dessous, vous pouvez voir à gauche le courant moyen (flèches rouges) et à droite les tourbillons tels que représentés par un modèle océanique à haute résolution.
Le circumpolaire, courant océanique de l'hémisphère Sud
http://rsta.royalsocietypublishing.org/content/366/1885/4529 Thompson, 2008, Phil. Trans. RMSDernières nouvelles : depuis quelques heures le vent a tourné au nord-est et nous pousse. Nous sommes passés d'une vitesse de 2-3 nœuds à plus de 10 nœuds. Youpi !
Maintenant lundi nous faisons route vers le nord, vent et houle de côté.
À bientôt !!!!