Jours 18 et 19
18/03/2016, 10h00
35°47’S 4°43’W
Via 36°16’S, 7°36’W et 35°29’S, 4°49’W
En station
Vent 20 nœuds
Température de l’air : 16°C
Température de l’eau 20°C
Couvert, bien couvert !
Nous sommes en station, tous heureux de pouvoir reprendre le travail en quart !
Vous l’aurez tous compris, nos contributions ralentissent, du travail à faire, d’autres choses à documenter !
Une nouvelle contribution de Masa :
Les enfants d’une école (ils se reconnaîtront) nous ont demandé si des études sur l’eau étaient effectuées à bord. Nous sommes donc allés enquêter auprès des personnes de l’IPEV qui nous accompagnent et auprès de Jonathan, qui a embarqué pour mesurer les isotopes de l’oxygène dans l’eau de surface et, quand cela a été possible, de fond.
Vous avez peut-être remarqué en nous suivant de jour en jour que les températures variaient tout au long de notre trajet. Certains se seront peut-être même aventurés à les tracer sur un graphique. Eh bien, à bord nous disposons des données en temps réel, mesurées toutes les secondes pour la température et la salinité.
Voici un graphique montrant ces températures et salinités moyennées toutes les 30 minutes depuis le début de la mission (données de l'Institut Polaire Français).
On peut noter que lorsque nous sommes descendus vers le grand sud, nous avons eu des températures de plus en plus froides et des eaux de moins en moins salées. Lorsque nous sommes remontés au nord pour éviter une tempête, nous avons retrouvé des températures plus chaudes (9-10 mars. On voit aussi que la température peut changer très vite : +5°C en quelques heures le 15/03). C’est à ce moment-là que nous avons traversé le front subantarctique. Un front, c’est exactement cela : les températures changent très vite sur une distance très courte.
Si l’on représente ces données sur des cartes, on se rend mieux compte que les températures et salinités enregistrées sont liées à la position du bateau : plus il est au sud, plus les eaux sont froides et moins elles sont salées. On comprend bien qu’elles deviennent plus froides en s’approchant du pôle Sud. Nous verrons plus tard les raisons des changements de salinité.
La température de l'eau, moyennée toutes les 30 minutes, reportée sur le trajet du Marion Dufresne
La salinité de l'eau, moyennée toutes les 30 minutes, reportée sur le trajet du Marion Dufresne
Vous aurez certainement remarqué des valeurs très basses de salinité du 11 au 14 mars. Ces valeurs nous semblaient anormales. Nous sommes donc allés voir avec Xavier Morin où était prélevée l’eau dont on mesure les propriétés. C’est tout à l’avant et en bas du bateau que cela se passe !
Donc hier, à 18h00 précise, nous avions rendez-vous pour tirer au clair le mystère des salinités fort basses.
Premier étonnement, il faut porter un casque. En effet il semble que nous nous rendions dans un endroit particulièrement exigu, où quelle que soit la taille de l’individu, se cogner la tête est monnaie courante.
En chemin nous visitons un local qui contient une quantité impressionnante de câbles. Voici deux photos en « sneak preview », l’histoire de ce local nous la préparerons pour lundi.
Mais que sont ces câbles ?
Nous nous dirigeons vers le pont avant et pénétrons dans les locaux qui se trouvent dessous. Tout à l’avant sont stockés les cordages, haussières, bouts.
Le stockage des bouts, cordages et autres
Une porte encore et nous voici au-dessus d’un puits! Il s’enfonce, ce qui semble être bien 5 étages plus bas, verticalement, dans l’étrave. Ce puits nous permet de rejoindre le brion du bateau. Le brion est la partie de la coque d'un bateau qui fait la jonction entre l'étrave et la quille. C'est là que se situe le bulbe d'étrave du Marion Dufresne.
Encore plus à l'avant un puits s'enfonce dans les entrailles du navire
Masa s'engage dans le puits qui mène à l'étrave
Cela ne s'arrêtera donc jamais !
Une longue descente plus tard, nous voici donc aussi bas que possible autant à l’avant que possible. Pourquoi là ? Parce que c’est là que l’eau est la moins impactée par le bateau, c’est là que l’on a installé le circuit de prélèvement et de mesure de la température et de la salinité. Voilà pourquoi une telle expédition était nécessaire !
Nous voici tout en bas à l'avant
Le circuit de prélèvement de l'eau
Finalement, nous avons pu visiter le brion et le circuit prélèvement/mesure de l’eau car en réalité c’est quotidiennement que les membres de l’équipe de l’Institut Polaire Français lui rendent visite. Cela leur permet de récolter des échantillons pour s’assurer que les instruments de mesures restent bien calibrés !
Mais si l’avant du bateau est le lieu de prélèvement de l’eau le moins influencé par le navire, ce n’est pas sans difficulté.
Rendons la plume à Masa !
Lorsque l’avant du bateau s’élève au-dessus de la mer, par exemple lorsqu’il y a de grosses vagues, on ne mesure plus seulement les propriétés de l’eau, mais probablement d’un peu d’air aussi. D’où les valeurs anormales vues sur le graphique (les grands pics vers le bas). Ce sont les jours de houle importante que ces valeurs se sont produites. Je les ai retirées du graphe présenté dans la réponse aux élèves. Voyez les différences !
Voilà, nous sommes donc à présent toujours le 18 mars, une carotte est sur le pont, comment ne pas résister à l’envie de partager deux photos de mise sur le pont prises aujourd’hui ! Vite en quart !
Mise à bord d'une carotte
Et puis une nouvelle fiche métier, celle de Lucile Mauclair:
À bientôt !
18/03/2016