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Xavier Morin – Ingénieur pour l'océanographie

Information tirée d’un entretien avec Xavier Morin, Ingénieur électronicien à bord du Marion Dufresne.

Jean-Paul Vanderlinden : Que fait un ingénieur pour l’océanographie ?

Xavier Morin : Un ingénieur pour l’océanographie conduit une variété de tâches en soutien de la recherche océanographique.  Entre le terrain de l’océanographe, et les données, il est nécessaire d’utiliser une série d’instruments dont la complexité, surtout en termes d’électronique et d’informatique, n’a cessé de croître.

Une première tâche consiste en l’installation et le suivi du matériel pour l’océanographie.  Par exemple, lors du chantier de jouvence du Marion-Dufresne, il était nécessaire non seulement de suivre l’installation de la gondole et de son instrumentation, mais il fallait participer à la résolution des questions qui se posaient chemin faisant.  Il n’y a pas deux navires océanographiques identiques, chaque cas est un cas unique.  C’est notamment là qu’un ingénieur pour l’océanographie est nécessaire.

Une seconde tâche consiste dans le traitement des données acquises avec ces appareils.  Cela va de l’acquisition et du stockage du signal électronique jusqu’à sa mise en lisibilité pour les chercheurs.  Parfois cela demande également de développer des programmes informatiques afin de disposer de nouveaux outils.

Une troisième tâche peut consister, et consiste dans mon cas, à répondre aux questions des scientifiques qui sont à la recherche de données océanographiques. Les données existent-elles ? Sont-elles à disposition ? Sont-elles utilisables ?

Chaque ingénieur pour l’océanographie a ses propres champs d’expertise, s’il est important de pouvoir répondre de façon transversale et généraliste aux questions des chercheurs, nous avons aussi des domaines de spécialité.  Pour moi il s’agit notamment des sondeurs.

JPV : Par exemple que fais-tu durant la campagne MD 203 ACCLIMATE ?

XM : Durant une campagne en mer il y a bien évidemment une partie du travail qui est assez régulière, correspondance, rapport, suivi.  Cela n’est pas spécifique à cette campagne-ci.  Également, parfois, pendant une campagne on peut se retrouver à devoir écrire simultanément le rapport de la campagne précédente.

Pour MD 203-ACCLIMATE ma tâche principale a été le travail sur les sondeurs.  Pour le carottage sédimentaire le sondeur à sédiments et le sondeur multifaisceaux sont deux outils fondamentaux pour identifier les lieux de carottage.  Le premier permet d’évaluer la présence de sédiments et leur nature (du moins d’un point de vue physique).  Le second, le sondeur multifaisceaux, nous permet de comprendre plus finement la topographie sous-marine.  Durant cette campagne j’ai donc essentiellement travaillé sur les données des sondeurs.

J’ai également développé un outil informatique destiné à extraire les RGB (type de couleurs) de ce qui sortait des capteurs du banc MST.

Finalement, durant les quarts, je fais partie du 0-4, je suis l’interlocuteur de l’Institut Polaire Français pour les scientifiques embarqués.

JPV : Comment devient-on ingénieur pour l’océanographie ?

XM : On est d’abord ingénieur en « quelque chose ».  Dans mon cas ce quelque chose était l’électronique.  J’ai d’abord suivi un cursus en IUT, électronique, avant de rejoindre une école d’ingénieurs en électronique.

Ensuite j’ai eu le privilège de faire une thèse de doctorat, à Nantes, en traitement d’image.  Difficile d’imaginer à ce moment-là que je passerais nécessairement à l’océanographie.  Juste à la fin de ma thèse j’ai vu une petite annonce pour un recrutement au sein du CNRS (Centre National pour la Recherche Scientifique) qui cherchait un ingénieur pour le traitement de données, sur un navire océanographique (embarquement de 3 à 4 mois par an).  J’ai toujours été attiré par les bateaux, je suis né et j’ai grandi près de la mer !  Mon premier jour au bureau, j’ai reçu mon ordre de mission, je décollais le soir même pour La Réunion, rejoindre le Marion Dufresne, c’était en 1998.

JPV : Un conseil à donner pour des jeunes qui souhaitent faire le même métier ?

XM : Si la mer les passionne, qu’ils jettent un œil sérieux aux formations offertes par Intechmer à Cherbourg.

JPV : Merci pour ton temps !

 

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