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Patrick Brockmann - Ingénieur chercheur, data scientist


Propos recueillis auprès de Patrick Brockmann (au premier plan),
Ingénieur de Recherche au Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement, Data scientist, Ingénieur chercheur.

 

Jean-Paul Vanderlinden : Quel est ton métier?  En quoi cela consiste-t-il?

Patrick Brockmann : Je suis ingénieur de recherche au LSCE. Mon métier consiste à concevoir et développer des logiciels pour la communauté de chercheurs qui travaillent en modélisation climatique.

Ces outils aident à valider, à contrôler, à analyser les sorties produites par ce qu'on appelle un "Earth System Model", modèle numérique de notre Terre.

Récemment est apparu le terme de "Data scientist" pour définir une activité à la convergence de plusieurs compétences : visualisation, développement logiciel, statistique, méthode scientifique, ingénierie web et je trouve qu'il cerne bien les contours de mon métier.

JPV : Et la campagne en mer qu'y fais-tu, qu'est ce qui t'y a amené?

PB : J'ai rencontré Claire Waelbroeck, l’organisatrice de cette campagne, lors d'une réunion de travail pour lui présenter une application que j'avais conçue. Je lui ai indiqué à cette occasion mon souhait de participer à une mission océanographique car c'est pour moi l'occasion d'ouvrir mon champ de travail et d'interlocuteurs, de percevoir d'autres méthodes de travail et une chance unique pour participer à une mission à bord du Marion Dufresne.

C'est une occasion d'autant plus intéressante que dans mon laboratoire coexiste 2 communautés scientifiques : celle qui travaille sur les mesures et observations et celle qui fait de la modélisation. Ces communautés scientifiques ont des approches assez différentes, utilisent des outils différents pour l'analyse des données. Et pouvoir travailler à terme sur des projets à l'interface de ces deux communautés est pour moi une belle perspective.

Concrètement, lors de cette mission, je participe plutôt de manière manuelle : découpe des carottes en sections, coupe des sections, préparation des demi-sections pour les bancs de mesure, passage au banc de mesure, conditionnement et stockage.

Maintenant, comme j'ai été curieux des traitements appliqués sur les données récupérées des bancs de mesure et que j’ai remarqué qu'il y avait des tâches répétitives, manuelles et surtout sources d'erreurs, j'ai proposé d'en automatiser certaines. Donc aujourd'hui, une fois les mesures terminées, on peut produire pour chaque carotte une figure de synthèse qui mêle données du banc de mesure MST (Multi Sensor Track) et données du banc XRF (X-Ray Fluorescence) de manière automatique. C'est une petite contribution qui m'a permis aussi de continuer à pratiquer mon métier à bord.

JPV : Quel parcours as-tu suivi pour faire ton métier?

PB : J'ai fait une école d'ingénieur en électronique et en informatique, une dernière année à Bath en Angleterre dans le cadre d'un échange ERASMUS, puis après mon service militaire, un DESS de télédétection car j'ai toujours eu un grand intérêt pour la cartographie, les mesures en géosciences et l'informatique.

J'ai ensuite commencé ma carrière au CNRS dans le traitement de données satellites : mesures radar, mesures radiatives. Puis j’ai enchainé par des missions au LSCE sur des projets d'inter-comparaison de modèles océanographiques. J'ai été embauché ensuite au CEA comme ingénieur-chercheur pour intégrer une nouvelle équipe appelée CalculS qui se concentre sur les aspects ingénierie des modèles développés et utilisés au laboratoire.

JPV  : Quels sont les point positifs et négatifs d'après toi?

PB : Je perçois le savoir scientifique comme quelque chose de cumulatif alors qu'au contraire l'expertise technique devient assez rapidement obsolète.

C'est un aspect négatif tout à fait perceptible dans le domaine du développement logiciel qui est un domaine hautement concurrentiel où plusieurs approches coexistent. Il y a de nouveaux langages, de nouvelles bibliothèques, de nouvelles plateformes, de nouvelles machines. Il faut sans cesse réévaluer sa direction de travail à partir des nouveaux choix disponibles.

Mesurer l'investissement à faire pour maitriser ces nouvelles technologies et prendre en compte leur pérennité.

Mais c'est aussi très motivant et enthousiasmant de pouvoir mettre en œuvre des outils qui apportent des solutions à des problèmes.

 

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