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Pascal Clairfeuille - Maître d'équipage


Entretien avec Pascal Clairfeuille, bosco à bord du Marion Dufresne. Propos recueillis par Lionel Jaffrès et Juan Baztan, texte de Jean-Paul Vanderlinden.

 

Lionel Jaffrès : Est-ce-que tu peux nous dire quel est ton métier ?

Pascal Clairfeuille : Moi, à bord du Marion Dufresne, et à bord des bateaux de la CMA-CGM, je suis bosco. Je suis maître d’équipage. Mon travail consiste surtout à m’occuper du pont, à gérer l’équipe pont, les matelots, les timoniers, pour le chargement, le déchargement et l’entretien du navire en général.

LJ : Tu travailles depuis combien de temps ?

PC : A la CMA-CGM depuis 10 ans, avant j’étais aux ferrys ; avant j’étais aux câbliers ; avant j’étais aussi à la CGM et j’ai fait aussi un peu le pétrole.

Juan Baztan : Le quotidien du métier cela consiste en quoi ?

PC : En mer c’est l’entretien du navire, de l’avant à l’arrière et du haut jusqu’en bas : nettoyage, peinture, piquer la rouille, réparer les haussières, s’occuper des apparaux de pont, comme les grues, les treuils. Aussi tout ce qui est matelotage : réparation des haussières, fabrication de tout ce dont on pourrait avoir besoin, étagère, etc. 

A quai, c’est s’occuper de tout ce qui concerne le chargement. Les containers sont gérés par les timoniers et les lieutenants, mais ils peuvent avoir besoin d’un coup de main. Autrement c’est l’embarquement de tout l’approvisionnement du navire, les pièces de rechange, la nourriture, et puis le débarquement des poubelles, manœuvrer les grues et les apparaux de levage.

LJ : As-tu pratiqué un métier qui ressemblerait au tien à terre ?

PC : Non, je n’ai jamais travaillé à terre vraiment, à part en boulot d’été. J’ai presque toujours navigué.

JB : Pendant cette campagne quelle sont tes tâches principales ?

PC : Je suis responsable du quart 0-4 avec 3 matelots. Nous sommes chargés de la mise en œuvre de tous les engins océanographiques, que ce soit la CTD, les carottiers. Il s’agit d’être à la disposition des scientifiques s’ils ont besoin de quoi que ce soit. Mais le plus important c’est la mise en œuvre des équipements océanographiques. C’est assez varié, c’est ce qui me plaît bien sur ce bateau.

LJ : C’est donc différent du travail sur d’autres bateaux ?

PC : C’est unique, cela me rappelle les travaux à bord des câbliers, car on travaille en mer. Dans les autres bateaux le gros du travail est à quai, le reste c’est du transit. Ici, outre les travaux journaliers, il y a tous les travaux océanographiques qui sont super intéressants. Il y a, sur le Marion, la relève des terres australes.  Moi, je m’occupe de l’arrière du navire avec l’hélicoptère. C’est sympa aussi de travailler avec les pilotes et mécaniciens de l’hélicoptère.  C’est vraiment différent d’un autre bateau, c’est varié, contrairement aux cargos par exemple où cela peut être un peu monotone. En outre, il y a plein de choses à apprendre.  Par exemple en rencontrant des gens qui étudient les uns les foraminifères, les autres les baleines, les autres encore les oiseaux.

JB : Quel parcours de formation as-tu suivi pour arriver à ce métier ?

PC : Je suis entré à l’école maritime à Nantes en septembre 1989, pour trois ans, ce qui m’a permis d’obtenir mon CAP de marin polyvalent sur machines. Je ne suis pas, au départ, bosco de formation. J’ai navigué comme mécanicien jusqu’il y a 8-9 ans. Là, j’ai eu un accident, je me suis écrasé un doigt. Je ne pouvais plus travailler comme mécanicien. J’ai alors demandé une place de Bosco, d’abord temporairement, puis définitivement.

LJ : Quels avantages et inconvénients y-a-t-il dans ton métier ?

PC : Moi j’y trouve beaucoup d’avantages ! Je ne suis pas quelqu’un de routinier, j’aime bien changer. Je suis content d’embarquer, car je retrouve mes amis et le travail, je suis content de débarquer car je retrouve ma femme. Je suis tout le temps content !

Le pire inconvénient c’est l’éloignement de la famille, en particulier lors des événements malheureux de la vie.

L’avantage dominant c’est le sentiment fort de liberté !

JB : Si un jeune voulait faire ton métier qu’est ce que tu lui dirais ?

PC : Moi ce métier là, je m’y éclate ! Je ne me vois pas faire autre chose de ma vie !

Si un jeune veut faire ce métier, il faut qu’il bosse sérieusement à l’école car sur les postes tels que les miens il n’y aura peut-être plus de travail. Le métier a changé !  La carrière est en même-temps plus technique et demande plus de polyvalence, et les carrières porteuses seront plutôt celles d’officiers.

LJ et JB
Merci Pascal !

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